Une
réunion au sommet qui aurait pu tourner au drame
Hier, à l’heure où le soleil devait
atteindre son zénith, les dirigeants de la société Syèrha devaient
se réunir pour les derniers préparatifs en vue de la commercialisation
de leur tout nouveau produit, maintes fois repoussé jusqu’à présent.
C’est donc dans un climat de fébrilité que les organisateurs avaient
préparé cette rencontre dans un hôtel des plus luxueux. Le tapis
rouge avait été déroulé tôt dans la matinée, les cuisiniers s’activaient
devant leurs fourneaux et les portiers attendaient avec une impatience
à peine voilée. C’est alors que la pluie fit son apparition, sous
les quelques protestations vaines des organisateurs. L’agitation
était à son comble, on sortit les parapluies pour éviter que les
éminentes personnes attendues aient à souffrir des affres du temps
capricieux et pour que le parquet impeccablement ciré du palace
ne soit pas tâché par des gouttes de pluie dégoulinant de vêtements
détrempés.
Un
à un, les différents superviseurs et dirigeants arrivèrent à bord
de véhicules hippomobiles. Il y eut tout d’abord le gnome Swans,
gestionnaire principal de la société qui, derrière ses petites
lunettes rondes, affichait un air maussade. Lui succédèrent ensuite
les chefs du projet, trois humains répondant aux noms de Franys
Fil, Lapdec Tras et Filandric Brategrou. Tous trois visiblement
beaucoup plus joyeux que Swans. La voiture suivante était celle
de Dolia Lineöl, ravissante demi-elfe chargée de la communication
et des relations publiques. Elle affichait un sourire magnifique
et semblait se jouer des quelques gouttes qui tombaient du ciel,
refusant les parapluies des portiers au grand dam du propriétaire
du palace qui regardait de manière inquiète son beau parquet reluisant.
Puis vint le vice-président, un autre gnome, dont le nom :
Trylo Vrack a déjà été cité dans nos colonnes pour des affaires
plus ou moins louches. Accompagné de son garde du corps, il entra
rapidement dans l’hôtel. Enfin, le président arriva. Monsieur
Gretsu est un semi-homme beaucoup plus ambitieux que la moyenne
ce qui l’a conduit à la tête de sa société. Tout d’abord, ses
deux gardes du corps demi-ogres sortirent de la voiture qui suivait
celle du président. Ils l’aidèrent à sortir, ainsi qu’un jeune
semi-homme qui fut présenté comme le neveu du président. Ce jeune
semi-homme portait un étrange anneau autour du cou et une longue
dague sur le côté. Selon nos sources, il serait originaire du
Comté et serait à Tarant pour une courte période, profitant des
vacances d’été pour découvrir notre magnifique ville. Le président
et son neveu, escortés de leurs deux gardes du corps, marchaient
vers l’entrée du palace au moment où deux coups de feux retentirent.
Heureusement, un des deux gardes fut prompt à la réaction et se
jeta sur le président Gretsu, prenant une balle à la place de
celui qu’il protégeait. Il se releva et les deux demi-ogres poussèrent
les semi-hommes vers la porte du palace.
Les
forces de police réagirent vite et les auteurs des coups de feu
furent arrêtés dans les minutes suivant l’incident. Ils étaient
tous les deux nains et se proclamaient membres du MCRJ, le Mouvement
Contre le Report des Jeux. Les enquêteurs recherchent actuellement
des informations sur ce mouvement dont nul n’avait entendu parlé
avant hier. Les deux nains criaient leur révolte et réclamaient
aux autorités de la ville une loi obligeant les éditeurs à respecter
les délais prévus pour la sortie d’un produit. L’administration
de Tarant n’a pas encore répondu à cette requête mais il est peu
probable qu’elle accepte. Les deux nains ont été incarcérés en
attendant le jour de leur jugement pour tentative de meurtre avec
préméditation et trouble de l’ordre publique.
La
réunion eut bien lieu comme prévu mais les décisions prises lors
de ce conseil ne nous furent pas communiqués. Espérons qu’elles
soient bonnes. Si ce n’est pas le cas, des membres du MCRJ seront
peut-être de nouveaux dans les colonnes de notre journal. Nous
ne pouvons qu’espérer le contraire, l’apparition de ce mouvement
n’ayant pas été des plus pacifiques.
Bill
Boqué