Les prémices de la déchéance
de notre société
A
moins d'être tout juste de retour des lointaines plaines
inexplorées, vous n'avez sans doute pas échappé
aux troubles qui ont parcourus les rues de notre bonne ville hier
alors que l'après-midi touchait à sa fin. Les cris
déchirant l'air pollué de la cité, la clameur
populaire s'élevant dans le ciel telle une tornade rugissante,
les beuglements presque hystériques d'une partie de la
communauté ont perturbé la tranquillité de
la vie de tous les quartiers. Quels étaient ces troubles-fêtes
? Des voyous ? Des enfants turbulents ? Des créatures monstrueuses
? Non, juste un groupe de femmes, principalement humaines et demi-elfes,
qui se sont mis dans la tête de réclamer leur égalité
face à la noble gente masculine. Si je ne l'avais vu de
mes propres yeux, j'aurais sans aucun doute pleuré de rire
à l'écoute de cette histoire ! Mais c'est la stricte
vérité. Ces femmes ont quitté leurs fourneaux
et leurs foyers dans l'après-midi, laissant pour la plupart
leurs enfants sans défense seuls à la maison. Triste
réalité de notre monde actuel. La gente féminine
de Tarant se croit donc dans le droit de bouleverser les valeurs
ancestrales qui ont été celles de notre civilisation
depuis des temps immémoriaux.
Cette
première manifestation féminine semblerait avoir
été organisée par l'O.F.T, l'Organisation
des Femmes de Tarant. Ce que tout le monde prenait pour une gentille
association de tricot et de couture est en fait un mouvement voulant
donner plus d'importance aux femmes de notre ville. Mais que pourraient-elles
faire de plus important qu'élever nos enfants au mieux
en leur consacrant tout le temps qu'une telle tâche requière
? La bonne tenue d'une demeure ainsi que l'attention que mérite
l'homme de la maison après une dure journée de labeur,
n'est-ce pas à cela que les dieux ont depuis tout temps
consacré l'énergie de la femme ? De toute évidence,
les ingrates ne se contentent plus de cela.
La
raison quitte peu à peu leur esprit qui ne voit plus en
la famille la chose la plus sacrée qui existe sur cette
terre. Le dévouement à sa famille n'est plus à
leurs yeux suffisamment gratifiant alors qu'elles possèdent
le don le plus gratifiant qui existe : pouvoir donner la vie.
Et que deviendront ces enfants que la nature leur accorde si généreusement
? Que deviendront leur pureté et leur innocence lorsque
leurs mères elles-mêmes les abandonneront ? L'avenir
de notre civilisation elle-même est en danger. C'est par
cet abandon des valeurs primordiales que les femmes risquent de
nous plonger dans une déchéance qui aboutira à
notre perte. L'inconscience de la gente féminine ne doit
pas aller plus loin.
Oui,
j'ai bien dit INCONSCIENCE ! C'est un terme qui convient parfaitement
à la manifestation d'hier. En effet, celle-ci s'est achevé
par ce que les femmes présentes ont appelé "
leur premier coup d'éclat ". Arrivant devant la station
Vermillion, la cohorte de diablesses enragées s'est précipitée
sur les rails et s'y est installée, bloquant la voie et
forçant même un train à s'arrêter devant
leurs pieds. Il a fallu attendre l'arrivée d'un renfort
de la police pour que les femmes se décident enfin à
partir, sous l'évidente supériorité en tout
point des hommes de l'ordre qui leur faisaient face. La plupart
des membres de l'O.F.T. participant à cette manifestation
ont été conduites en prison avant d'être relâchés
quelques heures plus tard. Espérons que leur " premier
coup d'éclat " soit aussi le dernier.